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Black Friday, Cyber Monday : la haute saison des fraudeurs

Sous l’éclat des promotions, les risques s’intensifient. Chaque année, Black Friday et Cyber Monday s’accompagnent d’une hausse documentée des arnaques, des contrefaçons et des usurpations d’identité de marque. Une saison courte, mais devenue critique pour la protection des consommateurs et des titulaires de droits.

L’évènement Black Friday/Cyber Monday (BFCM) revient chaque année avec la même promesse : des prix qui fondent, des paniers qui débordent, un monde numérique qui s’illumine pour quelques jours de frénésie. Pour les consommateurs, c’est devenu une sorte de rituel moderne. Pour les fraudeurs, c’est un terrain fertile. Ils savent que, durant ces 48 heures étirées sur plusieurs semaines, le trafic bondit, les flux financiers s’accélèrent et les réflexes de prudence s’émoussent.

Depuis plusieurs années, les autorités voient monter cette tension saisonnière. Europol, dans son Intellectual Property Crime Threat Assessment 2022, décrit cette période promotionnelle du BFCM comme un moment où les marchandises de contrefaçon circulent plus facilement[1].

Au Royaume-Uni, le National Cybersecurity Center (NCSC) alerte régulièrement sur les travers du BFCM : faux sites, fausses promotions, faux comptes publicitaires qui apparaissent et disparaissent aussi vite que les ventes éclair qu’ils prétendent offrir[2] .

En Australie, le National Anti-Scam Centre (NASC) appelle également à la vigilance : « Scammers love Black Friday sales too »[3]. Dans son rapport annuel le plus récent, la Police fédérale australienne avertit les consommateurs face aux faux transporteurs, aux notifications de livraison qui n’en sont pas et aux pages qui imitent, à s’y méprendre, les interfaces des grands détaillants[4].

Dans la même veine, le rapport 10 Black Friday Scams to Watch Out for in 2025 de NordVPN signale une hausse de 250 % des faux sites marchands dans les semaines précédant l’événement et une augmentation de 36 % des attaques de phishing[5]. Autrement dit, les fraudeurs ne se contentent plus de copier parcimonieusement : ils industrialisent la fraude. Ils clonent des sites entiers, exploitent les outils de génération automatique et dopent leurs campagnes de détournement grâce à l’intelligence artificielle.

À cela s’ajoutent les dynamiques déjà décrites dans les rapports OECD et EUIPO : une distribution massive par petit colis, des produits à risque (jouets, cosmétiques, pièces automobiles, batteries) souvent vendus en ligne, et un écosystème logistique qui rend le dépistage difficile[6]. Rien, dans les statistiques globales, ne contredit l’impression que le Black Friday/Cyber Monday agit comme un multiplicateur : plus de trafic, plus de volume, donc plus de vulnérabilités.

Pour les titulaires de droits, ce moment n’a rien d’anodin. Il concentre, en quelques jours, des signaux faibles que l’on observe habituellement sur plusieurs semaines :

  • l’apparition de noms de domaine opportunistes combinant marque et vocabulaire promotionnel,

    • la réactivation de sites clones en sommeil depuis des mois,

    • une inflation de listings non autorisés sur les marketplaces,

    • et l’arrivée de campagnes sponsorisées douteuses, conçues pour capter un public pressé, distrait ou simplement confiant.

La réponse reste classique, mais doit être prompte. Surveiller, détecter, intervenir. Cartographier les tentatives d’usurpation. Suivre les nouveaux enregistrements de noms de domaine. Contrôler les marketplaces. Documenter les faux sites avant qu’ils ne disparaissent. Rien de héroïque : juste de la constance et une certaine discipline technique. Car le Black Friday n’est pas seulement un sommet commercial. C’est aussi, discrètement, un test pour les marques. Une manière de mesurer leur vigilance, la solidité de leur présence numérique et leur capacité à protéger leurs clients.

Chez IP Twins, nous accompagnons les titulaires de droits tout au long de ces périodes critiques, en combinant surveillance des noms de domaine, détection de contenus frauduleux sur les marketplaces et les réseaux sociaux et actions ciblées pour faire retirer les offres contrefaisantes, les sites trompeurs et les usages abusifs des marques.

Notes

[1] Europol, Intellectual Property Crime Threat Assessment 2022, Europol, 2022, p. 13 : Europol.europa.eu. La section dédiée aux tendances saisonnières mentionne explicitement les périodes promotionnelles telles que Black Friday et Cyber Monday comme moments propices à la circulation de marchandises contrefaites.

[2] National Cyber Security Centre (NCSC, Royaume-Uni), “Black Friday warning: shoppers urged to protect themselves online as figures reveal rising losses to scams”, 18 November 2024: nscs.gov.uk.

[3] National Anti-Scam Centre (ACCC, Australie), “Australians report nearly $260M in losses as shopping scams surge”, 18 November 2025 : « Scammers love Black Friday sales too » : a.ccc.gov.au.

[4] Australian Federal Police (AFP), “Beware of Black Friday and Cyber Monday scams”, 28 November 2024: afp.gov.au.

[5] NordVPN, “10 Black Friday Scams to Watch Out for in 2025”, 18 November 2025 : Nordvpn.com.

[6] OECD/EUIPO (2022), Dangerous Fakes: Trade in Counterfeit Goods that Pose Health, Safety and Environmental Risks, Illicit Trade, OECD Publishing, Paris: https://doi.org/10.1787/117e352b-en; euipo.europa.eu.