Peu d’entreprises ont annoncé leur intention de déposer des candidatures pour de nouvelles extensions lors de la prochaine ronde de l’ICANN, prévue pour avril 2026. Deux exceptions notables : Nova Registry et Unstoppable Domains. Chacune prévoit d’investir massivement dans le programme : Unstoppable a annoncé dix candidatures (et d’autres à venir) [1], notamment pour le .blockchain, tandis que Nova affirme vouloir en déposer 200[2]. À titre de comparaison, rien que les frais de candidature auprès de l’ICANN pour Nova dépasseraient 45 millions de dollars US.

Au-delà de leur transparence et de l’ampleur de leur investissement, un autre élément distingue Nova et Unstoppable des candidats habituels au gTLD. Toutes deux prévoient de proposer aux clients une paire de domaines correspondants : un domaine classique et un domaine blockchain.

Prenons l’exemple du TLD combiné Web2-Web3 existant .locker : si nous enregistrons iptwins.locker, nous obtenons deux domaines distincts. Le premier (Web2) peut servir à créer un site web accessible via Chrome, Edge ou Safari ; le second (Web3) peut être utilisé comme adresse pour recevoir des paiements en cryptomonnaie ou comme identifiant sur des applications blockchain. Deux domaines distincts et correspondants, utilisables sur des réseaux différents.

Cette idée séduira naturellement les personnes déjà actives dans les cryptomonnaies et qui possèdent ou souhaitent un site personnel. Certains lecteurs se reconnaîtront peut-être, mais ce n’est pas le cœur de notre audience. Intéressons-nous plutôt à la manière dont cette évolution impactera les gestionnaires de portefeuilles de noms de domaine d’entreprise, qui conseilleront leurs clients à l’approche du lancement des nouvelles extensions à partir de 2027.

GlobalBlock : une couverture étendue

GlobalBlock est un service qui empêche l’enregistrement de noms de domaine correspondant à une marque donnée sous tous les TLD qui participent au service. Le seul TLD actuel de Nova, .link, n’y participe pas[3], mais de nombreuses extensions Web3 exploitées par Unstoppable sont couvertes[4].

C’est un point à surveiller. Si les TLD combinés Web2-Web3 venaient à être intégrés à GlobalBlock, les marques qui utilisent ce service n’auraient pas besoin de donner la priorité aux enregistrements défensifs sous ces TLD, puisqu’une seule mesure suffirait à bloquer les versions Web2 et Web3. En pratique, le blocage deviendrait une formule « deux pour un ».

Pas de GlobalBlock ? Priorité à ces TLDs

Si ces TLD combinés ne sont pas couverts par GlobalBlock, ou si une marque donnée ne bénéficie pas de cette protection, le gestionnaire de portefeuille devra décider s’il convient de recommander un enregistrement défensif.

Nous avons déjà publié une analyse détaillée des scénarios de contrefaçon liés aux domaines Web3. Pour résumer, les plus évidents sont :

des fraudeurs qui sollicitent de l’argent au nom d’une entreprise connue en utilisant une adresse de portefeuille convaincante (par ex. famousbrand.eth) ;
l’usurpation de la marque sur des places de marché NFT grâce à un domaine Web3 identique ou proche de la marque, utilisé comme identifiant pour renforcer la crédibilité.

Soyons clairs : ces cas sont aujourd’hui beaucoup moins répandus et dommageables que les cas classiques de contrefaçon Web2 (sites de phishing, faux sites marchands, etc.). Cependant, avec les technologies émergentes, les escroqueries ne manqueront pas d’évoluer et de se diversifier. Retirer du marché à la fois un domaine Web2 et un domaine Web3 en payant un seul droit d’enregistrement offre une certaine valeur ajoutée et plaide en faveur d’un enregistrement défensif.

Résultats de la surveillance de domaines

La surveillance des domaines Web3 existe, mais il s’agit d’un service spécialisé distinct de la surveillance, beaucoup plus répandue, des domaines Web2. Les packs de domaines Web2-Web3 bénéficieront à cette dernière, puisque ces extensions commenceront à apparaître dans les résultats de surveillance.

Lorsqu’un enregistrement de domaine combiné est détecté par un service de surveillance Web2, l’analyse devra aller au-delà des enregistrements MX et des captures de sites web. Elle devra s’étendre aux environnements où les domaines Web3 sont utilisés : places de marché NFT, adresses de portefeuilles et navigateurs Web3 deviendront ainsi de nouveaux lieux de détection des abus… et donc de nouvelles scènes d’action pour les mesures de protection.

Conclusion

Certaines marques établies commencent à s’aventurer dans les NFT et les cryptomonnaies, mais ces technologies ne font pas encore partie intégrante de leur cœur de métier. Les domaines Web3 restent donc une préoccupation secondaire dans les stratégies globales de gestion et de protection des domaines.

2027 est encore trop proche pour prévoir un bouleversement complet où la protection des marques dans le Web3 deviendrait une nécessité absolue. C’est pourquoi il est préférable de voir l’arrivée des domaines combinés Web2-Web3 comme une raison supplémentaire de s’intéresser aux produits et services de protection existants, applicables aussi aux domaines Web3.

Si votre entreprise, ou celle que vous conseillez, hésite encore à (A) s’inscrire à GlobalBlock, (B) protéger sa marque via des enregistrements défensifs dans les nouveaux gTLD, (C) souscrire à des services de surveillance de domaines, ou (D) recourir à un prestataire pour gérer les suppressions de contenus abusifs sur différents forums, l’arrivée des packs de domaines Web2-Web3 pourrait bien faire pencher la balance vers un « oui ».

En cas de doute sur l’intérêt de ces services, IP Twins se fera un plaisir d’étudier les besoins spécifiques de la marque et de formuler des recommandations adaptées.