Dans le paysage des nouveaux gTLDs, certaines affaires paraissent presque trop prévisibles. Pourtant, derrière ces litiges en apparence anecdotiques se cachent souvent des stratégies de prévention insuffisantes. Le cas récent <ralphlauren.website>, mis en perspective avec près de cinquante décisions similaires, rappelle que nombre de conflits liés aux noms de domaine peuvent être évités grâce à la  TMCH et au plus récent GlobalBlock.

Au cœur de l’affaire se trouve le nom de domaine <ralphlauren.website>, identique à une marque mondialement connue, enregistré dans une extension ouverte, utilisé pour tromper l’internaute par un portail de connexion factice, puis laissé en friche. Rien de surprenant donc lorsque le tiers décideur ordonne le transfert. Et pourtant, derrière cette décision si attendue se cache une autre réalité : ce nom de domaine n’aurait jamais dû être en possession d’un tiers.

La démonstration devient évidente lorsqu’on replace cette affaire aux côtés d’une cinquantaine d’autres décisions rendues ces dernières années. Toutes présentent un même scénario : une marque notoirement connue, un nom de domaine identique, nouveau gTLD ouvert, une absence totale de droits du défendeur, un usage frauduleux ou une “passive holding”. En effet, les TLD se succèdent : .shop, .online, .site, .global, .xyz, .top, .website, .monster, .marketing, .lat, .bio, .club, .baby, .group et la conclusion reste toujours la même : le litige aurait pu être évité.

Les outils préventifs

Depuis plus de dix ans, les outils existent pourtant. Le Trademark Clearinghouse, créé en 2013, permet aux titulaires de marques d’enregistrer en priorité leurs noms de domaine dans les nouvelles extensions, et d’être alertés lorsque des tiers tentaient d’enregistrer des termes identiques. C’était une première digue, encore imparfaite, mais utile pour éviter une partie des enregistrements les plus prévisibles. Or beaucoup de marques n’ont pas inscrit leurs titres de marques à la TMCH, laissant se multiplier des enregistrements tels que natixis.shop, aramex.site, canva.monster ou decathlon.work.

Face aux limites du TMCH, une seconde digue est apparue : GlobalBlock, lancé en 2023, qui permet non plus de prévenir, mais d’empêcher l’enregistrement d’un nom de domaine identique à une marque dans une vaste famille de TLD. Ce dispositif change profondément la donne : il ne se contente pas d’informer le propriétaire de la marque, il neutralise la tentative d’enregistrement.

Illustrations

Le risque .AI

Un dernier point mérite d’être souligné tant il s’est imposé dans la pratique récente : l’extension .AI. Longtemps considérée comme un ccTLD périphérique, elle est devenue, sous l’effet de l’explosion de l’intelligence artificielle et de conditions d’enregistrement extrêmement libérales, l’une des extensions les plus sensibles du moment. Les affaires pathe.ai, mcafee.ai et socgen.ai montrent combien il est facile, rapide et peu coûteux d’y enregistrer une marque notoire. Aujourd’hui, ne pas réserver marque.ai revient simplement à laisser une porte ouverte dans un quartier très fréquenté. Pour beaucoup d’entreprises, l’enregistrement de leur marque en .AI ne devrait plus être considérée comme une simple option.

Conclusion

À l’heure où les TLD ouverts se multiplient, les stratégies de défense doivent évoluer et s’orienter davantage vers les outils proactifs : inscription à la TMCH, activation de GlobalBlock, enregistrement défensif dans les TLD sensibles (à commencer par .AI et .COM), surveillances actives et audits réguliers.

Services IP Twins

Pour accompagner les titulaires de marques dans cette nécessaire mutation stratégique, IP Twins met à disposition une expertise complète : inscription à la TMCH, mise en place de GlobalBlock, enregistrements défensifs ciblés (notamment en .AI), surveillance proactive et audits réguliers de portefeuilles numériques. Notre approche repose sur une conviction simple : la prévention n’est pas un coût, mais une économie de temps, de risques et de litiges.